La ferme de Chalosse avait généralement pour fonction de regrouper sous le même toit les locaux d'habitation et d'exploitation.
Il s'agit d'une « maison-bloc » conçue pour abriter à la fois les gens, le bétail et les récoltes. Le corps de logis, l'étable et l'espace de stockage étaient ainsi placés sous le même toit.
Le bâtiment est généralement rectangulaire, avec une façade sous pignon orientée à l'Est. Il est couvert par un grand toit à deux eaux ou à trois eaux. La ferme est généralement ordonnée selon un plan tripartite.
La partie centrale, généralement la plus large, est appelée « séou » ; elle joue le rôle de grange charretterie. Cette pièce principale servait en effet de remise pour les charrettes et les instruments de labour. On y accède par une grande porte charretière qui est tantôt en plein cintre avec encadrement de pierres de taille, tantôt rectangulaire avec chambranle de bois.
Le chai occupe souvent la partie arrière.
Sur l'un des côtés (au sud généralement) prennent place les pièces d'habitation, en enfilade à partir de la cuisine qui est souvent en façade.
L'autre côté est à usage d'étable et ouvre sur l'extérieur par une large porte avec encadrement de bois.
Toute la partie haute était réservée aux récoltes : grenier, fenil, « pailler ».
On peut aussi trouver quelques dépendances autour de la cour comme la porcherie-poulailler, un hangar ou une étable supplémentaire.

Evolution
Avec la diversification de l'économie et l'importance accrue de l'élevage, le modèle a évolué. Au fil du temps on a assisté à une dissociation des différents éléments.
Avec l'augmentation du cheptel notamment, le fermier a été amené à construire une étable séparée de l'habitation, ce qui lui a permis de vivre plus à l'aise en transformant étable et remise en pièces d'habitation.
Les progrès sociaux du XIX ème siècle amenèrent aussi certains propriétaires de fermes à se faire construire une maison totalement réservée au logis : maison carrée, pourvue d'un étage, avec murs de brique surmontés d'un toit à quatre pentes. L'ancienne maison, la vielle construction à façade sous pignon et à grand toit à deux eaux, devenait alors tout naturellement une dépendance, les pièces d'habitation étant transformées en débarras ou chambres pour salariés agricoles, voire en poulaillers.

Volumétrie : Selon le type de bâtiment, la dépendance pouvait être à 2 ou 3 eaux et plus ou moins rectangulaire

Toiture : Les bâtiments d'habitation et d'exploitation sont recouverts de tuiles canal le plus souvent mais parfois aussi de tuiles de Marseille.

Matériaux utilisés : Les matériaux utilisés sont ceux trouvés sur place.
Moellons de pierre pour les soubassements et murs extérieurs. Aux abords du Béarn, des murs de galets peuvent constituer la totalité de la façade Ouest exposée aux intempéries.
- Des enduits au mortier de chaux, recouverts d'un badigeon, protègent les murs.
- Pierre de taille pour les encadrements.
Dans certaines constructions, colombages de bois avec remplissage de torchis ou de tout-venant, notamment pour les parties hautes du mur pignon. Et parfois, pour les parties hautes et les cloisons, des briques de terre crue.

Seuls les bâtiments d'exploitation ont gardé, dans ces fermes, le type traditionnel de construction, avec pans de bois et torchis sur toute la hauteur.

Teintes : Le torchis était réalisé avec de la paille, de l'argile et les sables locaux. On retrouve donc des tonalités plutôt ocres. Les bois étaient laissés au naturel ou passés à l'huile de vidange

Variantes géographiques : Au nord de la Chalosse, entre le cours des Luys et l'Adour, on trouve souvent des fermes où la maison d'habitation est, dès l'origine, bien distincte des locaux d'exploitation. La ferme comporte alors plusieurs bâtiments et la maison est alors exclusivement réservée au logis. Dans ce cas, la grange est souvent placée perpendiculairement à la façade principale.

Pays du Bas-Adour
Variante dans le plan de la ferme-bloc. L'étable occupe parfois la partie arrière de la maison

Pays d'Orthe
Maison-bloc avec des bâtiments presque jointifs et qui forment un angle droit.
Une variante se rencontre dans ce pays où les vielles fermes se distinguent par l'existence d'un petit corps de bâtiment, disposé en retour d'équerre sur un des côtés de la façade. La pierre y tient aussi une plus grande place dans la construction.

Secteur géographique : Chalosse, Orthe, Gosse, Seignanx, Tursan

Bibliographie : Estèle Dubedout, L'Architecture rurale de Haute-Chalosse - l'exemple de Doazit- Mémoire de maîtrise, Université de Pau et des pays de l'Adour, département d'Histoire de l'Art, 2005.

Jean Loubergé, La maison rurale dans les Landes, Editions Créer, 2002
Musée de la Chalosse, CAUE des landes, Traversées de Chalosse, paysages et architectures du pays chalossais, Dax, 1997.

Date de mise à jour : 13/02/2019

Exemples de dépendances : Lorsqu'elles n'étaient pas intégrées dans la maison, les activités de l'exploitation étaient basées dans plusieurs bâtiments édifiés dans la cour : les soues à cochons, le poulailler, l'étable, la grange, le pressoir, ou encore le séchoir à maïs (appelé crib)
L'étable est le bâtiment où sont logés les boeufs tandis que la grange a une fonction assez vague, parfois dévolue à de multiples usages, dont celui d'étable. Souvent, c'est la présence du ristoun (ouverture pratiquée dans le mur par laquelle on pouvait nourrir les boeufs à la main) qui atteste de l'utilisation en étable d'un bâtiment. L'étable pouvait être attenante à la maison mais également occuper une partie de la grange

La grange, qui servait à entreposer les machines agricoles et du matériel divers pouvait être sous le même toit que les locaux d'habitation ou bien distincte. Lorsqu'elle est distincte de l'habitation, sa façade est généralement perpendiculaire à celle de la maison. La grange possède assez souvent une façade sur mur gouttereau, et un toit à 2 ou 4 eaux. Mais elle peut également être ouverte sur le pignon.
Suivant les dimensions du bâtiment, on peut trouver une ou plusieurs portes charretières. Les autres baies sont généralement de simples ouvertures d'aération, sauf si la grange comporte un étage dans lequel est entreposé le foin. Dans ce cas, les ouvertures sont de tailles plus importantes.

Le poulailler et les loges à cochons
Les volailles et les cochons étaient souvent logées sous le même toit, dans une petite construction indépendante, ou sous un appentis. Les 2 ou 3 loges à cochons se trouvent au niveau inférieur qui dépasse rarement 1, 50 m de haut tandis que le poulailler occupe le niveau supérieur. La partie basse est généralement construite en maçonnerie alors que la partie haute est réalisée en bois, avec souvent une façade en croisillons filtrer la lumière du jour.
Le pressoir
Chaque ferme ou presque possédait son propre pressoir à raisin qui pouvait se trouver en différents endroits de l'exploitation : dans un coin de la grange, au fond de l'étable, dans un coin de la maison ou sous un appentis. L'endroit où se trouve le pressoir est souvent appelé chai, car les barriques étaient entreposées près du pressoir. Mais une pièce peut être exclusivement réservée à l'entrepôt des barriques.